Ulrich Weiner

Malade des ondes…

Electro-hyper-sensibilité, EHS. Se dit d’une personne que les ondes électromagnétiques rendent malade. Matthias Moser en est.

Cet Allemand de 42 ans, ancien enseignant, vit sous une bâche dans la région de Dannemarie, un des derniers secteurs où le rayonnement lui est supportable.

Son histoire est peu commune et difficilement vérifiable. Mais une chose est certaine: Matthias Moser accumule douze ans de galère en Allemagne et couche dehors depuis sept ans en Alsace, en quête de zones dites « blanches », c’est-à-dire d’endroits relativement épargnés par le rayonnement électromagnétique des lignes électriques, pylônes de téléphonie mobile et autres relais de radiotélévision. Comme cette place de Dannemarie où Matthias Moser dormait sous une bâche depuis quelques mois, se faisant le plus discret possible.

« Je dois vivre à au moins 120 m d’une ligne lectrique »

L’homme s’apprêtait à y passer Noël quand, selon ses dires, il a essuyé des jets de pierres. Craignant pour sa personne il a alors repris sa vie d’errance, migrant vers le village voisin de Wolfersdorf où, en plein milieu d’un champ, il a réinstallé son campement de fortune, là aussi dans un « trou » où les portables ne passent pas.

C’est que Matthias Moser ne supporte pas le moindre rayonnement électromagnétique. « Je dois vivre à au moins 120 mètres d’une ligne électrique », raconte celui qui a commencé par souffrir de violents maux de tête en regardant son poste de télévision. « J’avais 23 ans. » Le mal ira en empirant. Et le jeune instituteur devient SDF en 1996. La spirale infernale ne s’arrête pas là. « Le gouvernement du Bade-Wurtemberg ne voulait plus aucune zone blanche. Vivre en Allemagne devenait une véritable torture. » En 2005, il passe le Rhin vers un pays moins irradié . Il vit alors dans sa voiture jusqu’en 2008. Puis les services sociaux d’outre-Rhin lui suppriment l’équivalent du RMI allemand. « Plus moyens de payer carburant et assurance. » L’homme « zone » à travers le Haut-Rhin et le Territoire de Belfort, suscitant tantôt incrédulité, tantôt compassion. Inquiétude aussi. En hiver surtout. En 2009, alors que la température flirte avec les moins 15°, le maire de Bollwiller le fait hospitaliser d’office. Matthias Moser ressort le lendemain avec la conviction d’avoir échappé à la mort, un hôpital renfermant évidemment foule d’appareils électroniques.

Un village sans électricité et dans une zone blanche

En 2011, il trouve refuge à Dannemarie. Le curé l’héberge un temps dans un garage. « Cela a été les meilleures années de ma vie. » Dannemarie lui convient. « C’est presque une zone blanche ». La mairie lui prête une oreille attentive, allant jusqu’à lui proposer un logement. Il refuse. Matthias Moser dit ne pas pouvoir vivre dans un bâtiment électrifié. À qui veut bien les voir, il produit d’ailleurs trois certificats médicaux abondant dans ce sens, deux signés par des médecins allemands, l’autre par un confrère français.

« Il s’oppose à toute prise en charge », témoigne Paul Mumbach, le maire de Dannemarie qui, après l’épisode de l’agression, a conseillé à Matthias Moser de déménager. « Je crois qu’il valait mieux pour sa sécurité », se justifie l’élu qui a engagé des démarches pour lui obtenir le RSA. Actuellement Matthias Moser vit avec 30 EUR par semaine et de la nourriture que lui procurent des « amis ».

Hier après-midi, Christophe Weber, le maire de Wolfersdorf, est allé à sa rencontre dans son nouveau campement pour lui dire qu’il n’entreprendra rien contre lui mais que si sa vie était en danger, par grand froid par exemple, il devra prendre ses responsabilités d’élu.

Matthias Moser, lui, rêve « d’un village sans électricité située dans une zone blanche où pourraient vivre les EHS ». Irréalisable? « Non, affirme Mattias Moser, en Italie, il existe un hameau de ce genre près de Ravenne ».

En France, les EHS fédérés dans différentes associations, notamment «Robin des toits» dont Matthias Moser est membre d’honneur, réclament depuis 2010 un tel village dans une forêt de la Drôme.

Julien Steinhauser

Syndrome d’intolérance

Selon certaines sources, ils seraient 5 % en France à souffrir à des degrés divers d’électro-hyper-sensibilité, c’est-à-dire d’intolérance aux champs électromagnétiques générés essentiellement par la téléphonie mobile. Les symptômes ont été reconnus comme réels par l’organisation mondiale de la santé en 2004 mais pas par la France dont la communauté scientifique est divisée. Ils se traduisent dans un premier temps par des maux de tête, de la fatigue, des acouphènes et des troubles de la mémoire puis par des insomnies, des tendances dépressives et, dans les cas les plus critiques, des manifestations semblables à ceux de la maladie d’Alzheimer. Les électro-hyper-sensibles se disent soulagés dès qu’ils arrivent à se soustraire aux ondes.

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